Sensibilisation aux sciences participatives et citoyennes

On ne peut pas parler des sciences participatives et de l’intérêt qu’elles suscitent à travers le monde sans évoquer leur historique,qui loin d’être pour nous une affirmation,représente plutôt pour nous autant d’interrogations,nous qui le faisons souvent sans le savoir.

En effet,l’histoire des sciences est intimement liée à l’histoire de l’homme et de son évolution;Il ne s’agit donc pas pour nous d’établir un inventaire en détail des progrès techniques de la science, mais plutôt d’exposer une esquisse psychologie du développement de l’intelligence humaine ; il s’agit de cet éveil de l’esprit cherchant à observer,à comprendre,à analyser et enfin à agir.

Depuis sa création, l’homme a du faire face à des défis successifs ,d’abord pour survivre dans un environnement très dur et souvent très hostile ,ensuite pour créer et s’adapter à des modes de vie  en fonction des événements évolutifs de la planète et enfin pour se parfaire dans un monde qu’il a façonné et dont il a perdu partiellement le contrôle. Tout au long de ce parcours,son intelligence n’a cessé de se développer le conduisant grâce à  l’observation ,l’intuition et leurs rapports, à la logique qui enchaîne les progrès.

Dans ce contexte,il a du user initialement plus de ses bras que de ses méninges,et c’est à ce juste titre que l’on dit que la technique a précédé la science (j’entends par là ,tous les faits et gestes que l’homme a du accomplir pour réaliser toutes les taches nécessaires à sa survie sans avoir à expliquer ou justifier quoique ce soit).

Des civilisations se sont succédées avec leurs richesses respectives ,je passe sur la chronologie de celles-ci pour arriver à ce qu’on appelle aujourd’hui le monde moderne.

Si la plupart de ces civilisations n’ont pas pu ou su ou voulu échanger réellement les résultats de leur progrès pour des raisons diverses ( manque de moyens de communications ou encore par méfiance à l’égard de l’autre;le partage n’étant pas encore de coutume,on vivait plutot chacun pour soi en petites communautés) ; le monde moderne,lui a profité de l’avènement de la digitalisation suivi de la mondialisation des échanges qui ont entraîné une mise en commun (autant intellectuelle que financière) des efforts scientifiques.La science devient ainsi de moins en moins une affaire d’homme seul et de plus en plus un travail d’équipe.

  • le développement rapide de l’informatique à partir des années 1950 (aux États-Unis), avec un décalage en Europe dû à la reconstruction (années 1960). Ces technologies permettent un meilleur traitement d’une masse d’informations toujours plus importante.

De par le manque de recul, il est difficile de voir la science au xxe siècle de manière historique. Il est donc délicat de déterminer les découvertes charnières, mais on peut tout de même noter plusieurs théories et découvertes d’importance.

La première décade du xxie siècle se caractérise par les progrès fulgurants des sciences numériques. Les champs d’applications se multiplient et s’étendront probablement dans toutes les sphères de la science et de technologies de plus en plus sophistiquées.Ce siècle verra l’intelligence humaine,qui au cours de ces 2 derniers millénaires a évolué d’une manière sans précédent,se coupler à une intelligence artificielle (qu’elle a créé et qui la dépassé),on peut alors imaginé la suite des événements sans une certaine appréhension (qui contrôlera qui).

La connaissance scientifique de l’histoire de la Terre et des ressources minérales, la connaissance des écosystèmes et de la biodiversité, et l’interaction de l’homme avec les écosystèmes sont importants pour nous aider à comprendre comment gérer notre Planète et lui assurer un avenir pacifique et durable.

En restant dans cette approche militante mais tourné vers l’avenir,et dans un souci d’innovation et de partage,l’homme moderne a voulu permettre à chacun de connaître l’état d’avancement de la science et de ses enjeux,faire de la science un élément indispensable de l’exercice de la citoyenneté ,en lançant des programmes de collecte d’informations impliquant une participation du public dans le cadre d’une démarche scientifique liée au domaine de la biodiversité qui se décline en 3 objectifs :

-Obtenir des données sur la nature et la biodiversité pour étudier son état de santé ;

-Produire des outils de sensibilisation et d’éducation à la nature et à la biodiversité ;

-Former une communauté et mobiliser autour d’enjeux liés à la nature.

 

Très vite,apparaissent ces dernières années, trois expressions dont le point commun est le mot « science » -science participative, science citoyenne, science collaborative – qui semblent vouloir se partager ce nouveau mode de participation du public et du grand public, avec souvent une absence de définition formelle, des frontières bien floues et, dans leur application, des nuances entre ces

« sciences » pas toujours aisées à déceler.

La caractéristique commune de ces trois expressions est de faire appel aux réseaux existants

qui veulent bien s’impliquer et à toute personne volontaire qui accepte de suivre un protocole

prédéterminé. Les données récoltées sont validées dans un premier temps par des « têtes de

réseau ». La question essentielle est bien souvent « …qui est l’initiateur ?… », de la science

au citoyen ou du citoyen à la science ?

C’est là que s’imposent alors la nécessité des différentes définitions

 

Sciences participatives :

Les sciences participatives n’existent pas sans science, ni sans un organisme scientifique qui a

effectué le choix initial du sujet et qui a validé, analysé et proposé un protocole pour la production de données et leur interprétation. C’est un élément de la connaissance scientifique

avec un suivi à long terme pour obtenir des tendances, à condition que les bases d’observation

ne soient pas trop profondément modifiées dans le temps et que la qualification des

observateurs reste également homogène ou même s’améliore dans le temps.

Le point fondamental est donc la durée de l’observation (plusieurs années voire décennies)

afin de pouvoir tirer des tendances : données de suivi avec quelques espèces cibles

déterminantes (oiseaux, papillons, chauves-souris, escargots, grenouilles, orchidées….).

 

L’auteur Jenn Gustetic (USA)définit l’importance de la science participative quand elle écrit : «chaque jour, des citoyens comme vous accompagnent les scientifiques de carrière vers la découverte scientifique et les aident à mieux comprendre le monde autour de nous ». Qu’il s’agisse d’identifier les oiseaux pour ebird Cornell, d’enregistrer les précipitations pour le « CoCoRaHS », ou de classer les galaxies avec « Galaxy Zoo », la science participative est une source précieuse d’information pour des scientifiques car elle démultiplie la capacité d’investigation et d’analyse en permettant d’atteindre, dans une échelle de temps raisonnable, une taille d’échantillonnage et de traitement des données qui ne serait autrement pas accessible. Mais plus important encore, la science participative est aussi un outil pour renforcer la science et l’innovation car elle attire les jeunes vers les carrières scientifique grâce à l’apport d’un enseignement précoce, direct et concret. Elle permet également une meilleure acceptabilité sociale du progrès scientifique grâce à la mobilisation et la sensibilisation du grand public qui est mis au cœur des questionnements scientifiques. Elle rend enfin la science accessible au plus grand nombre car n’importe quelle personne, quel que soit sa formation initiale, peut contribuer à ces projets.

Certains projets sont des co-initiatives avec des scientifiques, d’autres émergent d’une initiative citoyenne soutenue par la recherche, d’autres enfin sont des projets scientifiques de crowdsourcing où les citoyens vont aider à collecter des données. Ces citizen science ont connu un essor impressionnant grâce aux nouvelles technologies qui apportent  les outils nécessaires à la collecte et à la visualisation des données (cartographie, devices mobiles). Elles s’étendent et se renforcent dans le contexte du Web 2.0.Elles concernaient les domaines de la biodiversité,de l’astronomie,de l’open access ,,,,

 

Sciences citoyennes :

Mycle Schneider,nommé dans le Directoire de la Fondation japonaise Takagi Found Citizen Science en 2001 a repris cette définition des sciences citoyennes : « la science citoyenne peut être définie comme l’effort participatif et combiné de recherche,d’analyse et d’éducation publique qui poursuit strictement,comme principe de base,l’objectif de bien etre collectif des générations présentes et futures d’êtres humains sur la planète et de la biosphère ».

 

C’est donc une initiative individuelle ou collective avec des motivations très diverses et parfois un côté affectif très marqué. Il est ou non fait appel à une démarche scientifique pour le traitement

des données. Le problème majeur reste la validation et le traitement des informations qui

dans nombre de réseaux à caractère associatif peut se faire par la diffusion des données et la

validation par les pairs. Par ailleurs, cette démarche peut permettre une sensibilisation et une

prise de conscience de certains problèmes par le grand public et les pouvoirs publics. Cette

science citoyenne doit pouvoir conserver sa liberté d’initiative, tout en reconnaissant les

limites scientifiques de l’exercice.

 

Sciences collaboratives

Pour certains interlocuteurs, la réciprocité de l’information du scientifique vers le producteur

de données et de ce producteur de données vers le scientifique doit être permanente avec une

nécessité absolue d’engager un véritable dialogue et une participation sur le long terme du

producteur de données. Cela oblige le scientifique à non seulement établir des protocoles

validés avant de les mettre à disposition, mais surtout à interpréter régulièrement les données

qu’il a fait récolter. La science collaborative institue un véritable partenariat, ce qui n’est

pas toujours le cas dans certaines expériences de sciences participatives.

 

On parle aussi parfois de recherches participatives,d’inventaires,de crowdsourcing ou encore par extrapolation de consultations citoyennes;un foisonnement terminologique qui ne facilite pas l’appréhension du phénomène par le grand public.

 

Pour lever ce trouble,on peut parler de trois grands types de sciences citoyennes :

  1. des programmes initiés par des scientifiques,qui ont besoin de citoyens volontaires (experts,spécialistes,amateurs ou néophytes du domaine scientifique concerné) pour les aider à collecter un grand nombre de données sur de vastes espaces géographiques et de longues périodes de temps.
  2. Des projets d’initiatives citoyennes,auxquelles des scientifiques ou des équipes de scientifiques peuvent être associés et intégrés.
  3. Des programmes initialement co-construits entre scientifiques et citoyens intéressés par un même sujet ou objectif.

 

Actuellement,les sciences participatives sont encore très méconnus dans la plupart de nos sociétés, comme le précise ce sondage Ipsos en France qui rapporte que uniquement 35% des français ont déjà entendu parler de sciences participatives et qu’il n’y a que 4% qui savent de quoi il s’agit.

Il y a donc certainement un effort à faire dans ce sens pour une large diffusion de cette pratique partagée et surtout dans les pays en voie de développement ou émergents à condition toutefois que ceux-ci en  comprennent et en perçoivent  les bénéfices.

Reste à savoir si elles resteront un gadget pour la recherche ou si elles auront réellement un pouvoir transformatif.

Alors sont elles utiles en Tunisie ?

C’est à ce titre que dans notre pays,en Tunisie,Youth for Science Foundation,essaye d’introduire ce concept nouveau pour nous,initialement prévu pour la sauvegarde de la biodiversité (donc à long terme,chose que nous ne récusons pas) mais en l’adaptant aux dures réalités de notre pays , de notre société et à ses besoins. Nous avons retenu pour notre part deux notions clés : la production de connaissaces scientifiques et la participation active et volontaire de la société civile.La Tunisie ne veux pas etre en reste et compte développer des projets participatifs,qui auraient pour objectif de mieux répondre aux besoins de développement exprimés par les acteurs locaux et de favoriser l’appropriation des résultats sur le terrain pour améliorer des conditions de vie souvent difficiles. Les intérêts sont multiples / information et sensibilisation des citoyens sur des thématiques science-société ,temps de formation ,développement de la démocratie participative afin que les citoyens puissent prendre la parole et s’emparer des problématiques qui les concernent…

Si ces sciences partagées quelque soient les qualificatifs qu’on leur donne peuvent engendrer une mobilisation citoyenne autour de sujets variés qui peuvent soit faire avancer la recherche scientifique soit améliorer le quotidien des populations et préserver leur environnement,alors leurs objectifs sont atteints.Dans un cas comme dans l’autre,la clé du succès est dans la bonne exploitation des résultats même si les protocoles ne sont pas les mêmes.

 

Nous avons donc décidé d’axer nos efforts et d’accompagner  trois actions de sciences citoyennes sur les secteurs de l’eau,de l’énergie et des déchets,trois secteurs qui apparaissent à notre sens porteurs d’une importance capitale , qui inquiètent de plus en plus l’avenir de notre planète et qui s’inscrivent dans une démarche de développement durable.

 

Nous espérons que notre inscription dans cette démarche citoyenne scientifique permettra à notre société de s’initier à ces nouveaux concepts (pour nous) , de contribuer au rayonnement du progrès de la culture scientifique et pourquoi pas et à notre échelle contribuer à l’avancée de la recherche scientifique en matière de biodiversité.

 

En cette fin du 20è siècle et début du 21è siècle,nous sommes entrain de vivre un sérieux passage de l’intelligence humaine individuelle à une nouvelle forme d’intelligence,l’intelligence collective.

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